mardi 6 mars 2012

Juste de l’autre côté du chemin

*
L’amour ne disparaît jamais, la mort n’est rien.
Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi, tu es toi.
Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.

Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné.
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas un ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste.
Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi.
Prie pour moi, que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été,
Sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.

La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié.
Elle est ce qu’elle a toujours été, le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée simplement parce que je suis hors de ta vie…
Je t’attends, je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.
Tu vois, tout est bien

(St Augustin)

lundi 5 mars 2012

Rendez-vous

Nous étions au rendez-vous ce dimanche 4 mars pour accompagner Marie-Claude au Col de l'Arzelier.


(merci à Maud pour les photos)

Nous n'avons pas pu aller au bout du chemin, trop douloureux. Mais au moins nous étions ensemble. Merci à ceux qui sont venus et à ceux qui ont pensé à nous.

vendredi 2 mars 2012

Deux ans

C'était un vendredi il y a 2 ans. Il faisait exactement aussi beau qu'aujourd'hui. Le montagnes étaient exactement aussi blanches et le risque d'avalanche exactement aussi bas. Mais les montagnes ne seront jamais plus aussi belles.


(photo prise par Nico au Pérou, Ranrapalca)

lundi 28 février 2011

Par Nico - Une belle histoire de montagne, de courage et de beaucoup de chance...

*
Nicolas est tombé voilà bientôt un an. Cette histoire témoigne de l'homme et de l'alpiniste qu'il était.



Les sorties en montagne, en général, ne se racontent guère. Elles sont toutes en sensations, faites d'effort, de partage, de concentration et d'une joie intense. C'est ça, je pense, que Nico allait chercher. Mais quand la peur et la douleur s'invitent à la fête, cela devient une aventure. Si le dénouement est malheureux, on sait ce qu'il en est. Mais si le dénouement est heureux, alors cela donne les plus belles histoires et voici celle que Nicolas a vécue. Je l'ai lue pour la première fois dans un mail qu'il m'avait envoyé depuis le Pérou...


Nico était parti au Pérou pour faire de l'alpinisme pendant 6 semaines avec un dénommé Sylain et son ami Jeff. Sylain et Nico étaient en ski-alpinisme (descente à ski sur des pentes très raides), Jeff était en alpinisme pur (sans les skis).


Leur première ascension était le Ticcla, un sommet de la Cordillère Llongote. A la descente, alors qu'ils étaient encore à 5900m d'altitude, Jeff a dévissé et a dévalé 400m en quelques secondes sur une pente très raide (50 à 55°). Il est passé par-dessus une crevasse avant de s'arrêter juste avant une monstrueuse barre de séracs. Ceci est l'histoire de son sauvetage. Je vous la livre comme Nico l'a écrite dans un mail destiné à 3 de ses amis et à moi, avec les fautes d'orthographes ;) Lui, vraiment lui tout craché, en un seul texte...



-- Lima, le 11 mai 2009

Ptit mail en direct de Lima... Ou je vais vous compter une belle histoire de montagne , du courage et beaucoup de chances. Avant un rappatriement par la "high mountain rescue team" de Huaraz , la premiere descente a ski du Ticcla a été fracassante... Notre compagnon de cordée alpiniste, jeff, a devissé à 5900m en desescaladant... 400m à 50-55 , en quelques secondes, impressionant... Saut de rimaye , arret avant une monstre barre de serac. Je croyais qu'on allait recuperer des morceaux...

Mais non , une cheville , un genou , une perte de connaissance , un cou en vrac , mais vivant , vivant! Impossible à transporter à deux mais vivant... Sur le coup je me dis que c'est presque pire , on est sur un versant qu'on ne connais pas , on sait pas si le glacier passe en dessous , le temps se gatte , il neige et on est à 5400, bref je le sens pas des masses.

On le deplace avec les skis , mais c'est dur , tres dur , j'ai pu de force , Sylvain non plus , on s'accroche , et on le deplace de 50m en 2h... On creuse un trou a neige , pour passer la nuit , je decide de partir tout seul pour trouver de l'aide, je peux pas rester la nuit là, j'ai trop peur, faut essayer , si le glacier passe pas, je passerai la nuit tout seul mais je peux pas rester si haut il fait trop froid. Sylvain reste avec le blessé. J'ai l'impression d'etre lache mais je veux pas mourrir ici , alors feu , que pour une fois l'energie que j'ai serve à quelque chose d'utile...

Le glacier est raide , tres raide, à 5100m je butte sur 100m de barres rocheuses. Il commence à faire nuit , j'ai laissé ma doudoune à jeff, j'ai plus de jus pour remonter , bref je vous laisse imaginer ce qui se passe dans ma tete. Pis je m'accroche , je cherche un passage... Je trouves une vire , super expo , mais ça doit passer. J'abandonne ski et crampons. Je desescalade , 1500m de deniv et 20 km de marche plus tard (en pompe de ski...). Je me dis qu'il faut trouver un helico, on pourra pas le descendre...

Je rejoins un village, je reveil tout le monde , il est minuit , il faut un telephone. On m'amene à ce qui semble etre une mairie. Coup de telephone au consulat , pas sur d'avoir un helico , y'a pas vraiment de secours en montagne , c'est un pays emergeant . En gros on est pas à chamonix, faut se demerder tout seul. La nana du consule me dit que les villageois peuvent m'aider. Je lui fait comprendre que ça sert a rien , c'est trop difficile , faut des pros , un helico et du matos...

La suite depasse tout ce que j'aurais pu imaginer... Un truc impensable... A 6h du mat le maire du village passe un message avec le haut parleur . 30mn plus tard tout le village est sur la place. Des mules , des bourrins ,de la flotte , de la bouffe , de quoi realiser un brancard. Hallucinant! 1h plus tard , on part, je suis rinc' , c'est horrible, le maire m'a filé une paire de pompe de foot c'est du 40 , je fais du 44... C'est long ;) 6h plus tard on arrive au pied des rochers, et on voit Sylvain qui descend, je me dis que c'est fini pour Jeff , c'est trop tard...

On escalade les rochers , des vrais chamois les villageois , j'hallucine. Sylvain est rincé il en peut plus , jeff est tout seul là-haut , mais vivant , il lui reste 4-5h , pas plus il est glacé , mais il a passé la nuit. Je taxe les pompes et les crabes* de sylvain. J'attache mes crabes au botte de Javier , un villageois courageux qui va passer 4h avec moi dans ces grandes pentes raides suspendus au dessus du vide... Il est impressionné mais il monte, je l'attache , pas envie qu'il tombe. On rejoins vite jeff, me voir et voir ce qui semble etre un medecin ;) lui redonne de l'energie. On le traine et je tire 5 rappels sur pieu à neige, j'explique la manip a Javier le villageois, pour se vacher avec le piolet et tenir Jeff, pendant que je desescalade et ramene le pieu à neige. C'est long mais ça passe!!! Je suis mort mais heureux! Les villageois le sangle sur un brancard de fortune et ils desescaladent la grande barre rocheuse , ils engagent comme des porcs , c'est l'hallu!!!

On rejoins les mules, il fait nuit les mecs sont supers contents, on sait meme pas quoi leur dire tellement c'est enorme ce qu'ils ont fait. C'est monstrueux... Apres une longue marche où ils se relaient pour porter le brancard on arrive au village cuit , archi cuit. Mais tellement heureux, ca tient vraiment du miracle! Et dire que je voulais refuser leur aide , je suis vraiment trop con!

La suite de l'histoire n'est que assurance , prise en charge et autres suptilités administratives qui parraissent ridicule... face à ce qui vient de se passer. La France va remercier ce village , vous allez ptete entendre parler de cette belle histoire.

Sinon ce pays c'est vraiment trop chouette, les gens , l'acceuil , et je parles pas des paysages... on va bouger a Huaraz avec sylvain pour continuer le ski. Les virages a presque 6000m sur des pentes monstres raide , c'est merveilleux. Pis la vue...

Du coup avec toutes ces aventures on a deja skié 2 fois , un col à coté du Ticcla . Et le Ticcla lui même , 5900 , 700m de pente , une premiere à la montée et une premiere à la descente ;) Je vais faire comme les pros : D 700m a 50-55 , 5.5 . En tous cas c'est la premiere fois que je me fais doublé par un mec à pied en descente... Je me suis jamais fait doublé par un Telemarkeur , c'est quand meme pas un mec à pied...**

L'équipe de secours du village qui a fait le sauvetage
et la High Mountain Rescue Team qui a fait le bandage


--
*crabes : crampons
** ça c'est une boutade destiné à Jules, le télémarkeur et son alter-ego en free-ride... :)

samedi 26 février 2011

5 mars


Voilà un an que Nicolas est tombé.

Sa famille viendra se recueillir au Col de l'Arzelier
l'après-midi du samedi 5 mars
et la semaine suivante pour son père.


Vous pouvez les accompagner par la pensée ou par votre présence.

lundi 13 septembre 2010

NIW et Korrigalp

Korrigalp et NIW*. Nos pseudos sur internet. Des pseudos qui ne reflètent qu'une fraction de ce que nous sommes, mais une fraction significative.

(cliquez sur les photos pour les agrandir)

Arrivés à Grenoble à peu près en même temps, le chemin de Korigalp était appelé à croiser celui de NIW. Tandis que NIW prenait son envol, construisant sa légende personnelle au sein du microcosme du ski-alpinisme, Korigalp allait d'initiations au ski hors piste en stages de pentes raides. D'amis d'amis en amis de ses amis, nos chemins se sont rapprochés jusqu'à se croiser voilà un an. On s'est plu, on est sortis ensemble, on a posé la première pierre de ce qui aurait pu devenir notre vie commune.

Mais ce qui nous a rapproché hier nous sépare violemment aujourd'hui et ce pour une durée indéterminée.



Parce que tout le chemin parcouru par Korrigalp semblait n'avoir été que pour croiser celui de NIW, j'ai pensé arrêter ce site, finir sur cette note douloureuse : mon amour est mort, la montagne l'a tué. Mais ce serait oublier que moi, je vis encore, emportant avec moi l'amour et le souvenir de Nicolas.

Nicolas fera partie de moi aussi longtemps que je vivrai et NIW laissera sa marque sur cette fraction de ma vie qui s'exprime à travers le site de Korigalp. Que je choisisse de haïr la montagne pour ce qu'elle m'a pris, ou de l'aimer pour ce qu'elle m'a donné, mon approche des sommets et des grandes pentes sera de toute façon changée par mon vécu et la vision qu'en avait Nicolas, cette vision qu'il cherchait à partager avec moi.


Tranquille-Émile au sein de la belle famille :)

Des paroles ont été prononcées pour lui par ses amis, ses collègues, sa cousine et moi-même lors de la cérémonie qui accompagnait ses funérailles et lors de la pose d'une plaque à son nom dans le Vercors. Parce que je ne veux pas que ces paroles se perdent, parce qu'elles expriment ce que nous savions de Nico, j'ai choisi de les publier ici dans les notes qui viennent ainsi que quelques photos qui montrent l'homme qu'il était.

Les mots laissés par ses amis, montagneux ou non, sur le site de Volopress, vous pouvez les lire ici.

Nico faisant de notre appart' un "chez nous" chaleureux

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*NIW est le pseudo utilisé par Nicolas sur le site de Volopress, un site de ski de randonnée auquel il contribuait en tant que skieur expert des pentes raides.

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Je reviendrai, je reviendrai
Même une fois couché sous terre, je reviendrai
Poussé par les souffles de mon corps, je serai
Par vos sourires, vos cœurs, vos souvenirs
Vivant je resterai
Grâce à vous, par ma voix toujours, je reviendrai
(Pierre Lapointe)


dimanche 12 septembre 2010

De sa maman

Mon Nico, mon fils,

Nous avons vécu 27 ans de bonheur avec des moments difficiles. Tu as toujours été là pour m'aider, m'encourager.

Quand je suis partie de Grenoble le 15 décembre tu m'as dit une phrase qui restera à jamais dans mon cœur "maman, tu as toujours pensé à moi, maintenant il faut que tu penses à toi". Mon Nico, je vais essayer et tu vas m'aider. Tu vas me donner la force d'y arriver.

Tu te souviens de notre arrivée à Grenoble tous les deux inquiets pour ton avenir. Aujourd'hui je suis fière de toi, de l'homme que tu es devenu, de l'amitié que tu as su créer autour de toi par ton travail, tes études et tes sorties en montagne. Je vous remercie aujourd'hui d'être là pour Nicolas.

Je t'aime, mon fils.

De son père

Message de remerciements à Stéphanie et tous les amis de Nicolas

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai passé ces trois jours, 29 mai, 11 et 12 Septembre près de vous. Tout ce que vous avez fait pour rendre hommage à Nicolas était vraiment superbe.

Nicolas a eu de la chance de vous rencontrer et je sais que là-haut dans son paradis blanc, avec son sourire éternel, il a dû se dire "Propre les mecs, vous êtes supers!". Encore une fois je vous remercie toutes et tous pour votre gentillesse et votre dévouement.

Je ne l'oublierai jamais,

Amicalement,
Jean-Claude



De Franck


Nico, t'es arrivé à Volubill en tant que stagiaire. On faisait du ski chacun de son côté. Bon, j'espère que tu ne m'en voudras pas mais quand tu as commencé à me raconter tes aventures, je t'ai tout de suite surnommé "le stagiaire fou".

Mais je n'avais qu'une envie: aller skier avec toi.

On peut dire qu'on en a bien profité: en 3 années de ski et de montagne, on a fait ensemble quelques unes des courses que je rêvais de faire depuis longtemps, mais sans trouver de coéquipier. On a surtout fait beaucoup de courses que je n'aurais même pas imaginé faire un jour.

Quand c'est toi qui choisissais l'objectif, je savais qu'il allait falloir regarder tout à la fin du classement par difficulté du Volopress. C'est ce que j'aimais chez toi, on n'était jamais déçu.
Je me demandais toujours un peu si ce n'était pas trop, mais bon, à m'emmener comme ça dans les pentes raides, tu m'as donné confiance en moi.
Pour ce qui était de la volonté et de la détermination, il faut dire que tu montrais bien l'exemple.
Merci Nico pour tous ces moments d'aventure, de joie simple. J'ai bien à l'abri dans un coin de ma tête un certain nombre de souvenirs que je ne risque pas d'oublier.

J'espère que là-haut tu as une belle vue sur les montagnes et sur nous, et ton éternel sourire aux lèvres.


De Sebastien

Écrit pour l'anniversaire de Nico...


Le ciel bleu fait écho à la tornade intérieure
Un clin d'oeil que de sentir cette douce chaleur
Je ne peux que croire en cette continuité
Celle de l'esprit à perpétuité


Ta bécane doit frémir d'être montée par son pilote embrasé
Les cannelures de calcaire s'impatientent encore de tes mains
Moi, j'ai la chance de sentir ta présence sur mon chemin
Celui qui mène vers la liberté de se sentir exister


Je suis parti à ta recherche en cette journée confuse
Pour te souhaiter un an de plus vieille bique agile
Encore trop lent pour toi, mais sois patient petite buse
Tes ailes ont poussé trop vite mais j'arrive sur mon chemin d'argile

Arvi pâ
Le consang' du Nord